Interview de Hadda Hazem directrice du quotidien algérien El-Fajr
9 Décembre 2018

Interview de Hadda Hazem directrice du quotidien algérien El-Fajr

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Montréal 9 Décembre 2019 – Madame Hadda Hazem  est directrice de publication du journal algérien El-Fajr, elle est de tous les combats quand il s’agit de la liberté d’expression en Algérie. Elle mena en 2017 une gréve de la faim de plusieurs jours pour protester contre les contraintes financières prises à l’encontre de son journal par certaines sphères de décision voulant museler ou mettre au pas cet important organe de presse algérien. Or, c’était méconnaître l’aura de Madame Hadda qui,contre vents et marées,a bravé la faim et de graves séquelles de santé qui en découlent,déterminée dans sa lutte n’a pas lâché une once du principe inaliénable de la liberté de la presse et d’expression.

Sollicitée à maintes reprises, Mme Hazem demeura constamment à l’écoute de toutes celles et ceux qui avaient besoin d’aide et de soutien.

Depuis Montréal,nous l’avons,souvent,interpellé Mme Hadda sur certains problèmes épineux concernant la communauté algérienne au Canada et bien d’ autres sujets d’ actualité qui intéressent la diaspora. En aucun moment, elle n’obstrua le lien de communication pour la rejoindre.
Pour Mme Hadda,s’enquérir du sort et des conditions de vie de nos compatriotes algériens qui vivent dans les deux hémisphères du globe est un devoir. Soutenir ses collègues journalistes qui vivent loin de la métropole est, également,un objectif qu’elle s’est fixée. Sur cette lancée,elle nous a accordé l’entrevue suivante dans laquelle elle exprime son point de vue sur le journalisme, la liberté d’expression et l’impact de la presse.

[list][item icon= »Select a Icon » ]Quels sont les défis auxquels fait face le journalisme en Algérie?[/item][/list]Le 1er défi auquel fait face le journalisme en Algérie est d’ordre économique. On ne peut pas faire face à la répression du pouvoir si on est déjà fragilisé financièrement;l’argent est le nerf de la guerre. Le manque de formation représente le 2eme défi pour la corporation puisque nous avons souvent affaire à des journalistes qui n’ont rien avoir avec ce noble métier. Le 3eme défi incombe au pouvoir qui verrouille toutes les sources de l’information or sans ces dernières le journalisme ne peut évoluer dans un climat saint.


[list][item icon= »Select a Icon » ]Le journalisme est-il un facteur de stabilité pour le pays ?[/item][/list]On ne peut construire une société moderne en l’absence des Médias qui jouent le rôle de médiateur entre le pouvoir et le peuple. Cependant, le pouvoir algérien perçoit la presse comme un adversaire voir un ennemi malheureusement ! La presse est l’un piliers sur lesquels une société se bâtit. Prenant exemple durant la décennie noire, la presse a fait front commun avec l’armée pour combattre le terrorisme.


[list][item icon= »Select a Icon » ]Que manque-t-il au journalisme en Algérie pour qu’il remplisse son rôle?[/item][/list]Le journalisme ne pourrai jouer son rôle si les conditions de travail ne s’améliorent pas. Il y a un manque conséquent dans la formation des nouveaux journalistes sans oublier les mauvaises conditions de vie des membres de notre corporation (Salaires bas, logements,…). Le non accès aux sources est également un frein important pour que la presse accomplisse aisément son rôle.


[list][item icon= »Select a Icon » ]L’arrivée des médias sociaux a-t-elle eu des conséquences sur le journalisme en Algérie ? Quelles sont-elles?[/item][/list]La venue des réseaux sociaux ont causé beaucoup de tord au journalisme étant donné que cela a permis à n’importe qui de s’improviser comme journaliste.Cela a également encouragé l’émergence des « Fake News » qui ont semé une véritable anarchie dans le monde l’information. Il y a par contre un autre versant du coté positif des médias sociaux quoi qu’ on ne puisse pas s’ assurer de la véracité de l’ information; on constate que grâce à eux l’information est beaucoup plus fluide et accessible et surtout elle arrive instantanément aux citoyens, de plus toutes les régions du pays sont couvertes. Les images et vidéos publiées sur les réseaux sociaux permettent d’amplifier leur impact.

Je tiens à préciser aussi que cette nouvelle ère médiatique sonne le glas aux journaux version papier qui vivent une véritable fin de règne dans le monde de l’information. Vivement la fin du papier qui a permis aux éditeurs de se libérer du dictât des imprimeurs et des distributeurs qui érigent des empires colossaux sur le dos des journaux.

[list][item icon= »Select a Icon » ]La presse algérienne a-t-elle une mission à accomplir ?[/item][/list]La presse algérienne comme toutes les presses du monde doit assoir un système démocratique pour notre pays. On doit préserver pour cela les acquis des événements du 5 Octobre 1988 contre l’intégrisme islamiste. Nous sommes tenus à veiller aux valeurs de Novembre 1954 qui aspirent à fonder une société moderne dont le projet primordial prône l’ouverte toutes les cultures universelles.

Nous devons comme journalistes être la Voix du citoyen et en première ligne défendre l’unité du pays et combattre tout projet visant à le démembrer.

Interview réalisée par Wahid Megherbi

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